• Noureddine Taboubi : «La grève générale dans le secteur et la fonction publics est toujours maintenue, mais nous n’avons pas fixé de date».
• «Si le 25 juillet se répétait, la position de l’Ugtt serait la même».
• «Les syndicalistes ne négocient jamais quand il s’agit de l’indépendance et la souveraineté nationales».
La trêve non annoncée officiellement mais de fait entre l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) et le gouvernement Najla Bouden a-t-elle vécu dans le sens que les syndicalistes de la place Mohamed-Ali considèrent maintenant, plus particulièrement depuis hier, jeudi 4 août, et par la voix de leur secrétaire général, Noureddine Taboubi, qui a souligné devant les participants à la commémoration des événements du 5 août 1947 à Sfax : «Nous n’attendons plus rien du gouvernement qui fait toujours la sourde oreille à nos revendications et se comporte en ignorant totalement l’annonce de la grève générale dans le secteur et la fonction publics avalisée par la dernière réunion de la Commission administrative nationale de la centrale syndicale ouvrière».
Hier, le SG de l’Ugtt a dit clairement et peut-être dans l’objectif de rafraîchir la mémoire de ceux qui semblent l’oublier ou aussi dans le but de répondre aux déclarations répétées de Nasreddine N’cibi, ministre de l’Emploi et porte-parole officiel du gouvernement, qui assure que «le dialogue est toujours de mise entre le gouvernement et l’Ugtt et que les augmentations salariales sont à l’ordre du jour» : «Le gouvernement n’a pas répondu à nos appels et n’a pas bougé pour trouver les solutions qu’il faut aux problèmes des Tunisiens».
Et Noureddine Taboubi de considérer qu’il est dans l’obligation d’insinuer que la décision de l’Ugtt d’adopter une position pratiquement neutre lors du référendum du 25 juillet 2022 sur la nouvelle Constitution ne l’a pas écartée de sa fonction initiale, celle de défendre les intérêts des travailleurs et de militer dans le but de préserver leur pouvoir d’achat qui se détériore de jour en jour du fait de la crise économique internationale et du fait aussi du refus du gouvernement d’accéder aux demandes de l’Ugtt pour l’ouverture d’un nouveau round de négociations sociales et pour l’application des accords déjà signés par les gouvernements précédant celui de Mme Bouden mais qui sont restés sans effet.
Ainsi, Noureddine Taboubi rappelle-t-il que la grève générale dans la fonction et le secteur publics est maintenue sauf que le bureau exécutif de l’Ugtt n’a pas encore fixé de date à cette grève, ce qui veut dire qu’il n’existe toujours pas de préavis à propos de cette grève adressé à La Kasbah, laissant supposer que les syndicalistes gardent la porte ouverte au dialogue devant le gouvernement dans le but de parvenir à une solution consensuelle qui puisse aboutir à l’annulation de la grève en question.
Plus encore et comme pour prouver ses bonnes intentions ou son attachement à la main qu’il tend au gouvernement, Noureddine Taboubi note : «La position de l’Ugtt reste inchangeable par rapport au processus du 25 juillet 2021». Il est encore plus tranchant, en assurant : «Si le 25 juillet se répétait, la position de l’Ugtt serait la même qu’elle avait annoncée, il y a une année».
S’agit-il d’un message clair et net, comme le soulignent les observateurs déjà et même avant la déclaration d’hier, jeudi 4 août, adressée sous la forme d’une lettre recommandée avec accusé de réception aux opposants au Président Kaïs Saïed considérant le référendum comme illégal et n’hésitant pas à déclarer qu’ils comptent sur l’Ugtt pour faire annuler la Constitution du 25 juillet et obliger aussi le Chef de l’Etat à démissionner.
Faut-il rappeler que les syndicalistes, par la voix de plusieurs membres du bureau exécutif et de la commission administrative nationale, n’ont pas hésité à désavouer publiquement, ces dernières semaines, Néjib Chebbi, coordinateur du Front du salut national, opposé à la dynamique du 25 juillet 2021 et à la Constitution du 25 juillet 2022 qui a pris la liberté de déclarer, sans obtenir l’accord de l’Ugtt, que les syndicalistes se rangent du côté du front anti-Saïed.
Hier, Noureddine Taboubi a eu le courage et l’honnêteté morale de reconnaître que l’Ugtt ne confisque pas la volonté exprimée par le peuple tunisien qui a voté massivement pour la nouvelle Constitution à raison d’un taux de 94% parmi les votants qui ont avalisé le texte de la nouvelle Constitution qui leur a été proposée par le Président Kaïs Saïed.
La petite phrase suivante produite par Noureddine Taboubi est chargée de significations et ouvre la voie à plusieurs interprétations : «Si le peuple tunisien est satisfait, nous n’avons aucun problème, mais si c’est le contraire, l’Ugtt poursuivra son combat».
Comment saisir ces propos on ne peut plus clairs et tranchants ?
Sans prétendre être au parfum de ce qui se passe à la place Mohamed-Ali et aussi sans se déclarer appartenir aux stratèges qui sont au courant de tous les secrets, l’on est en droit d’affirmer que Noureddine Taboubi et ses lieutenants se comportent en démocrates authentiques qui respectent la volonté du peuple, ne prétendent jamais avoir de leçons à donner aux Tunisiens ou d’ordres qu’ils doivent appliquer à tout prix.
Ils agissent plutôt en citoyens qui respectent scrupuleusement les choix de leurs concitoyens. Toutefois, ils se préservent le droit de poursuivre leur action militante et leur combat pour les libertés et les droits au cas où les Tunisiens découvriraient qu’ils ont été trompés, roulés ou amenés à faire des choix erronés.
D’ailleurs, en dénonçant énergiquement et avec vigueur les déclarations inacceptables faites par l’ambassadeur américain désigné à Tunis, avant même qu’il n’obtienne l’accord du gouvernement tunisien, le S.G. de l’Ugtt apporte une nouvelle preuve sur la ligne de conduite intangible de la centrale syndicale ouvrière dont les militants «ne négocient jamais quand il s’agit de l’indépendance et de la souveraineté nationales».